Créer les conditions de la rencontre : la clinique pour questionner sa pratique

J’ai déjà caractérisé la clinique éducative dans mes chroniques. Elle doit être sollicitée pour créer les conditions de la rencontre. Croisée avec les caractéristiques du don, elle peut se traduire par des questions telles que : ai-je su accueillir un peu de l’autre en moi et ai-je su ouvrir un peu de moi à l’autre (écoute) ? Ai-je su ensuite lui répondre ? Le partage relève-t-il du don ou d’une relation utilitaire ? Est-ce que je cherche tous les interstices pour donner sa place à la confiance, pour la relancer, pour la conforter ? Suis-je en mesure de nommer les faits ou les perceptions d’injustices, au risque sinon de voir se tarir le dialogue et d’enfermer chacun dans des représentations figées et mortifères ? Suis-je capable d’émettre des critiques et celles-ci sont-elles réellement constructives ? Suis-je capable de porter un regard critique sur moi-même, de repérer que je suis touché, affecté par une situation et de m’ajuster afin qu’elle ne desserve pas la qualité des liens et de mon accompagnement ? Suis-je capable de lutter contre ma tendance à vouloir maîtriser mon action, suis-je donc capable de lâcher-prise pour mieux accompagner l’autre ? Qu’en est-il de ma sollicitude ? Mon histoire relationnelle ne vient-elle pas parasiter voire empêcher le don de se déployer dans mes relations ? Est-ce que j’intègre dans le mouvement de réciprocité, les limites de l’autre et de ce qu’il peut donner à son tour ? Mais donner c’est aussi attendre de l’autre qu’il soit à la hauteur de ce qu’il peut lui aussi donner, dans ce cas suis-je assez exigeant pour que la personne mobilise ses ressources en se confrontant à sa responsabilité, et qu’elle (re)trouve sa capacité d’agir ?

prochaine chronique le 27/12