Poursuivons l’exemple de Clara (Cf. chronique précédente). Sait-elle ce que pensent d’elle ses amis. Ne sont-ils pas les uns comme les autres dans une situation où chacun à l’impression de recevoir plus qu’il ne donne à l’autre ? Si tel est le cas, la relationnalité est pleinement opérante, contrairement à ce que pense Clara. Mais elle ne s’en rend pas compte.
A l’inverse, imaginons que ses amis pervertissent le don en ne permettant pas à Clara de leur donner à son tour. Ils rendent alors la réciprocité impossible et dans ce cas, Clara a raison d’être mal à l’aise. Une bonne connaissance des ressorts de la relationnalité l’aidera à sensibiliser ses amis (puisque ce sont ses amis !) pour qu’ils acceptent ou simplement apprenent à recevoir. Ainsi par exemple, peut être craignent-ils ce lâcher-prise auquel ouvre le recevoir, mais il peuvent aussi ne pas avoir conscience de l’importance de laisser à l’autre un espace pour qu’il puisse donner à son tour ?
Insistons enfin sur l’importance de prendre en compte le temps. Nous acceptons difficilement dans nos sociétés occidentales d’être celui qui reçoit sans pouvoir donner immédiatement en retour. Nous trouvons cette position inconfortable alors qu’ailleurs elle est une condition pour qu’un geste soit reconnu comme relevant du don. Il nous faut (ré)apprendre à tenir compte du temps ; le temps comme une richesse, le temps comme marque d’une interdépendance assumée qui nourrit le lien.